Mythopoésie du réemploi
Mythopoésie du réemploi est un diplôme qui présente une attitude de travail amorcée par Paul Bergès au cours
de ces deux dernières années à l’Ensad de Nancy. La mythopoeia se compose des termes du grec ancien muthos, qui signifie le récit, et poien ou poiesis qui se rapporte au concept de création ou du « fabriquer ». Cette association entre le nom muthos et le verbe poïein remonte à un passage de la République où Socrate utilise le participe composé muthopoïos, « faiseur de mythes » pour désigner les poètes. Une notion que Claude Lévi-Strauss, quand à lui, employait dans la Pensée sauvage, en 1962, pour qualifier son concept de « bricolage » et l’associait alors aux architectures fantastiques du Facteur Cheval.
Un titre choisi par le graphiste pour sa charge poétique, sa signification, mais également car ses productions graphiques se permettent elles aussi de réécrire des histoires avec une certaine poésie. Employé ici sous cette formule d’une Mythopoésie du réemploi, ce titre suggère que l’usage de formes et d’images prélevées, récupérées, réemployées, et donc possédant déjà un sens, une vie passée, auraient un potentiel narratif lors de leurs usages dans un nouveau contexte de réception.
Cette attitude de travail est concernée par un processus de collecte et de collection. Le graphiste recueille, ramasse, rassemble et classe un ensemble d’éléments hétéroclites afin de constituer des stocks de ressources qui sont ses outils et qui regroupent des images, des textures, des lettres, des formes et des traces. Il porte un intérêt particulier pour les formes laissées pour compte, déclassées, mineures et étonnantes. C’est pourquoi ces collectes donnent généralement à voir des éléments graphiques et typographiques relativement pauvres, propres à la culture vernaculaire qui l’environne. Paul souhaite montrer des choses que l’on ne regarde pas, que l’on ne voit pas. Le tout constituant son vocabulaire, son langage graphique.
Vidéo et écriture : Paul Bergès
23 juin 2020.